Peu de pays ont connu, depuis le début du XXe siècle, une transformation aussi profonde que la Russie. État le plus conservateur d'Europe, pays dont l'économie présentait, à côté de réalisations très modernes, des caractères encore médiévaux, nation basée sur une grave inégalité sociale, la Russie tsariste se survivait à l'aube de ce siècle. La guerre de 1914 ébranle l'édifice ; le voici renversé, dès 1917, plus vite qu'il n'était prévu. Lénine et les bolcheviks s'en emparent et sur ses ruines fondent un État socialiste, comme il n'en existait encore aucun exemple. Débuts combien risqués face aux oppositions intérieures et extérieures ! Mais s'il faut, quelque temps, jeter du lest – c'est la N.E.P. – les fondements sont assez solides pour qu'en 1928 Staline puisse donner à l'U.R.SS. son armature caractéristique : la planification. Non seulement l'économie, mais la société se plient à ses contraintes. La Deuxième Guerre mondiale, ultime épreuve, sera surmontée et quand Staline meurt, en 1953, le socialisme soviétique paraît inexpugnable : l'U.R.S.S. est la deuxième grande puissance mondiale, tant par la force de ses années que par celle de son économie. Lénine et Staline ont donc fondé l'U.R.S.S. Sous leur égide a commencé une croissance qui s'est poursuivie jusqu'à nos jours. Économie plus solide, société mieux établie, niveau de vie plus élevé, relations internationales plus complexes, que d'éléments depuis 1953 viennent, peu à peu, modifier les données initiales, pousser à de nouvelles méthodes politiques, telle la déstalinisation, obliger à reconsidérer les priorités ou les moyens de planification ! Après une naissance douloureuse mais finalement assez facile, l'U.R.S.S., grande puissance socialiste, n'échappe pas aux difficiles problèmes qu'apporte la croissance.