Dans le sordide fascinant de Brooklyn, le rabbin lance un ultime adieu à l’ami Chaïm qui les a – si mystérieusement – quittés. Son œil ne quitte pas la belle Barbara, son corps est plein d’elle. Il psalmodie une dernière fois “Shalom, lé-hitraol, ô Chaïm !”, et Boo-Boo prend la fuite, la peur au ventre. Son amant, Gé – vétérinaire breton raté – l’attend, c’est l’envol immédiat du couple traqué pour la France. Comment la si belle, sculpturale Juive américaine pourra-t-elle vivre au domaine, au sein de cette famille folle, qui l’acceptera dans cette Bretagne du soupçon, des brumes et de l’équivoque, où le père de Gé a été chef milicien ? Un jour, les mitrailleuses crachent, les soldats sont partout. Insolite, abominable guerre qui éclate, ponctuée des meuglements de milliers de bovins qu’on doit abattre : fièvre aphteuse, presque la peste médiévale dans les campagnes d’élevage. Mais est-ce la chance de Gé, un levier pour faire tourner le destin ? Boo-Boo, elle, croyait avoir touché le fond de l’enfer et de la misère à Brooklyn ; l’horreur cependant fond sur elle, la rattrape dans le domaine brusquement en proie à un paroxysme de démence.