Été 1913. L’Europe de la Belle Époque vit ses derniers mois de bonheur. Qui est plus heureux que les désœuvrés qui partent en croisière sur l’Empress of Isles ? Leur but est une île, de la Méditerranée ou d’ailleurs, où les attendent tous les plaisirs. Parmi les voyageurs, un chroniqueur mondain. La croisière n’est pour lui qu’un prétexte supplémentaire de faire carrière, entretenir sa clientèle, établir des relations avec les puissants. D’amour en amour, de liaison en liaison, le temps s’écoule. Sa rencontre avec Mirko — jeune anarchiste de salon — est l’occasion pour lui de pénétrer le secret de l’Île ; derrière la façade de bonhomie touristique se dissimule un pouvoir férocement répressif. C’était la Belle Époque, à la veille d’août 14, la voix incertaine de la protestation s’est perdue dans le fracas de la catastrophe mondiale. Mais la fable demeure, et son enseignement : l’exigence de l’écrivain est de témoigner, sous peine de compromissions et de déchéance. L’écriture volontairement dépouillée des Notes de voyage dans l’Île démontre la maîtrise stylistique d’Adrien Salmieri, et exprime l’apparence formelle d’une époque qui se voulait élégamment exubérante mais en réalité déguisait son indifférence morale et sa sécheresse de cœur derrière les mouvements et les jeux floraux du Modern Style.