Mes humeurs sont brouillonnes. Comment pourrait-il en aller autrement ? Puis-je les imaginer, prévues d’avance, arrivant à heure fixe, bien ordonnées suivant leur thème, leurs qualités, leur attrait ?

Mes humeurs voguent sur l’océan, foulent le sol, s’envolent dans les airs. Solides, liquides ou vaporeuses, elles ont la consistance du cœur et de l’esprit. Elles découvrent des îles nouvelles, s’accrochent à la roche, visent un horizon fuyant.

Mes humeurs sont festives, dépressives, intrusives, intimes, endogènes ou exogènes, bénignes ou malignes, massives ou minimes.

Je suis enfant d’une nature, objet d’un climat, témoin d’une époque, vagabond, étoile filante.

Contemporains d’un même monde, je et tu se confondent.

Parmi tous les poncifs, un seul me reste en tête. Je suis homme, né homme, le resterai et en mourrai. Tout ce que je pense, ressens, dis, écris, est humain, ni animal ni divin, merveilleusement ou affreusement.

Mais l’homme, est-il une référence ? Qui en juge ? Qui en décide ?