Ils étaient un million : un million de Pieds-Noirs. Français selon la loi. Ils se sont trouvés jetés sur le rivage métropolitain, dépouillés de tout, totalement ruinés, arrachés définitivement à leur pays, à leurs souvenirs, à leurs morts, obligés de recommencer une vie à des âges parfois avancés. Certains, trop vieux ou trop faibles pour supporter cette transplantation, en sont morts. A peine réinstallés en France — et mal — par la faute d’une aide médiocre qui leur a tout juste permis de ne pas mourir de faim, beaucoup se sont vus confrontés à un univers procédural tragique, poursuivis pour payer les dettes des biens qu’on leur avait arrachés outre-mer ou celles que l’État leur avait fait assumer pour se réinstaller en France et auxquelles il leur était impossible de faire face, sans compter les tracasseries d’une Administration toujours prompte à réduire une part déjà congrue. Ils eurent donc à subir, non seulement l’angoisse de celui qui, ayant tout perdu, doit tout reconstruire dans un pays où il n’a ni famille ni amis, mais celle d’un douloureux combat judiciaire s’étendant sur plusieurs années, pour succomber finalement devant l’impitoyable sécheresse de cœur des plus hautes juridictions. Rares sont les Français qui ont osé regarder le calvaire de ces citoyens broyés par la « grande politique ». Ce livre est l’histoire de leurs souffrances en face d’une France qu’ils gênaient moralement et matériellement. Plaidoyer pour ces victimes, il a pour but d’arracher un bandeau confortable des yeux du pays.