Résumé
Ce que les Romains ont nommé ius fut d’abord une parole jurée. C’était le serment que l’on prononçait à l’issue d’un sacrifice, au moment de l’abattage de la victime animale, afin de lier dans une norme commune tous les participants. Telle est la thèse développée dans le premier volume de cette quête des formes premières du droit (La parole impérieuse, Paris, PUF, 2020). Ce livre-ci poursuit l’enquête dans l’analyse de la relation de deux formes originaires, du sacré et du juridique, appréhendées comme deux constructions rituelles connectées. La première est la matrice de la seconde. Elles s’éclairent mutuellement. Dans sa forme spécifiquement romaine, le sacré est indissociable du sacrifice. Est sacré ce qu’effectue l’action sacrificielle et tout ce à quoi elle touche, les choses et les concepts. Les notions de sacré, saint, profane, en procèdent. Elles ont fait l’objet d’un réexamen, en même temps que se précisait leur articulation avec un ordre juridique en gestation.
Auteur
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Cinq siècles avant notre ère, les Romains ont dessiné les traits d’une forme première du droit nommée ius. Fondatrice, des siècles d’histoire n’altèreront pas ses particularités : autonomie à l’égard du religieux, du sacré et dans une certaine mesure, du pouvoir politique. De même, le temps n’altèrera pas sa capacité à créer pour elle-même de nombreuses figures institutionnelles — la filiation, la paternité, la propriété, le contrat — distinctes des réalités sociales auxquelles elles correspondent. Mais on est encore très loin du développement d’un droit écrit. Longtemps, le ius ne s’est référé qu’à la loi des Douze Tables, premier corpus de lois romaines écrites qui prenait la forme d’une collection de brèves phrases proverbiales, ou à des recueils de formules rituelles. Aussi a-t-on cherché, en quête d’une anthropologie universelle de la parole comme fondatrice de la norme, une voie d’accès à la naissance du droit dans l’étude des sociétés sans écriture. Cette démarche redonne tout son sens à une évidence longtemps négligée et incomprise par l’historiographie : le ius fut d’abord une parole jurée, une parole de paix. Autour de cette parole première en gravitent d’autres : celles de la loi, de l’interprète, du magistrat, du titulaire d’offices sacerdotaux ou encore du citoyen. Robert Jacob reconstitue par là un ensemble rituel cohérent, dont l’analyse permet de poser un regard neuf sur les commencements de la culture juridique occidentale.
Caractéristiques
Support(s) : Livre numérique eBook [PDF], Livre numérique eBook [ePub]
Protection(s) : Marquage social (PDF), Marquage social (ePub)
Taille(s) : 2,65 Mo (PDF), 1,48 Mo (ePub)
EAN13 Livre numérique eBook [PDF] : 9782130864295
EAN13 Livre numérique eBook [ePub] : 9782130864301
EAN13 (papier) : 9782130864288