Cathie Barreau mène depuis longtemps son oeuvre d'écrivain en parallèle d'une forte implication dans le domaine des ateliers d'écriture (c'est elle qui avait fondé et a dirigé plus de 10 ans la Maison Gueffier à la Roche-sur-Yon).
Une résidence d'écrivain, c'est avant tout un partage. Un fragment complexe de réel, avec toutes ses contradictions humaines et ses émotions, et l'intervention de l'auteur, le jeu permanent de miroir qu'induisent ses textes, déstabilise la donne. Pour l'écrivain, en retour, littéralement une mise au monde : son expérience dans la langue est au travail dans ce réel même, invisible sinon.
Pour chaque auteur, ce sont des rendez-vous importants, à échelle de sa vie. On ne les renouvelle pas à volonté. Celles et ceux qui ont lu sur publie.net " Résonnent les voix des hommes ", témoignant par la fiction d'une expérience d'écriture en prison, savent avec quelle intensité et respect Cathie Barreau mène ces expériences. Sachant que c'est d'abord soi-même qu'on observe, ce qui s'y dérange.
Ville-Évrard est un des plus grands établissements psychiatriques de l'île de France. Il a accueilli quelques patients célèbres, dont Camille Claudel et Antonin Artaud bien sûr. L'équipe de soignants y a déjà accueilli, ces dernières années, d'autres écrivains.
Dès le départ de cette résidence proposée par le service livre du Conseil général de Seine Saint-Denis, Cathie Barreau annonce sa forme : un journal de voyages. Le voyage qu'elle fait de Nantes à l'hôpital. Le voyage qui s'établit, de visite en viste, entre elle et les patients qui écrivent. Journal qui mêle le retour sur soi à l'observation directe, des paysages, des lieux, des choses. Et bien sûr les paroles, le trouble des paroles, l'intensité des relations mises en travail, côté patients, côté accompagnants, côté soignants.
Et que tout ça, on doit l'annuler : la littérature, le théâtre, la fable ne se déterminent pas selon les personnes qui les requièrent, de quelque abîme qu'ils y surgissent. On le sait depuis longtemps au pays de l'anti-psychiatrie, mais au pays aussi où c'est de la clinique du docteur Blanche que Nerval a puisé son "Aurélia". Pas de différence pour l'écrivain si on aborde le " Journal secret de Natalia Gontcharova" (éditions Laurence Teper, 2008), et celui qui demande soudain : "C'est quoi, un rêve ?" – le récit qui s'ébauche ici, c'est l'enquête de Cathie Barreau sur elle-même, sur sa place, sur sa parole, elle s'appuie d'Hélène CIxous, de Michèle Desbordes contre celui qui vient dire : "La poésie, c'est pour les filles."
Le terme du livre, et du voyage, sera ainsi ce choeur étrange et sauvage, si humainement juste, où les voix des patients, des soignants et celle de l'écrivain même resurgissent dans le lieu même qui les a fait sourdre. Il s'agit bien, il s'agit seulement, de littérature. Celle qui nous ouvre au monde, là où les mots n'étaient pas encore. Elle est chemin, expérience, assaut.
Ce n'est pas ici une mise en ligne ordinaire : c'est l'expérience même, qu'on voudrait prolonger en l'offrant au média numérique.
FB
Préparation éditoriale et conception epub: Roxane Lecomte.
Editeur : publie.net
Publication : 11 avril 2012
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [ePub + WEB + Mobi/Kindle]
Contenu(s) : ePub, WEB, Mobi/Kindle
Protection(s) : Aucune (ePub), DRM (WEB), Aucune (Mobi/Kindle)
Taille(s) : 572 ko (ePub), 1 octet (WEB), 1,68 Mo (Mobi/Kindle)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3442
EAN13 Livre numérique eBook [ePub + WEB + Mobi/Kindle] : 9782814505940