Avez-vous lu « Grenadou, paysan français » aux éditions du Seuil ? Alain Prévost avait enregistré ses paroles sur bande magnétique, qu’il lui avait suffit ensuite de dérouler et de « traduire ». Voici Georges Fontane, « mineur cévenol », qui nous raconte lui-même sa vie, sans avoir besoin d’interprète, de sa plume d’autodidacte, avec quelques maladresses parfois, mais avec une sincérité et un pittoresque qui émeuvent. Le titre peut surprendre. « Pourquoi les Quatre Temps ? », nous dit l’auteur au début de sa préface. Que signifient ces trois mots et de quels temps s’agit-il ? Tout simplement du cycle qu’accomplit la goutte d’essence, qui partira en fumée après avoir fait tourner le moteur. Quelle idée ! Prendre une clé à molette, un marteau, ou un tournevis pour faire de la littérature. Cher lecteur, que j’appellerais volontiers « patient », et qui voudra bien me suivre dans ce labyrinthe mécanique et quelque peu enfumé, je dois d’abord t’avouer que je me suis servi des images qui m’étaient accessibles et, plus qu’à toi, peut-être, familières. Chaque fois que je jette un coup d’œil rétrospectif sur ce qu’on appelle la vie, je vois la mienne se séparer en quatre parts, dont chacune a eu ses émotions, bonnes ou mauvaises, mais dignes d’être enregistrées. Oui, dit-il, ce livre n’est qu’un cri, et celui qui n’a jamais souffert - ou ne s’est jamais interrogé sur l’utilité de la souffrance - le trouvera étrange.