Un livre profondément humain et attachant sur les aveugles, écrit par un voyant, pourrait sembler bien audacieux, alors que d’éminents écrivains, atteints eux-mêmes de cécité, ont mis leur talent au service de leurs frères privés de lumière. Mais, ayant exposé leurs théories, multiplié leurs enquêtes et développé leurs expériences, ils se sont cantonnés dans la réserve que leur dictait leur immense générosité. Ils n’ont pas toujours osé revendiquer les droits que devrait leur donner leur infirmité. Marcel Pollitzer, auteur de "Au chevet des aveugles", a écrit "Comprendre les aveugles et les aimer". Il a voulu étudier leur vie, apprécier leur discrétion et leur grandeur d’âme, deviner leurs irritations secrètes comme leur acceptation du destin, et surtout proclamer la grande injustice. le pitoyable délaissement dont la plupart sont victimes. L’apostolat de Valentin Haüy, de Louis Braille, de Maurice de la Sizeranne, telle une lumière céleste, l’a guidé dans son chemin. Ce furent ensuite, près de nous maintenant, les hommes admirables qui poursuivent cette œuvre et montrent les mêmes qualités de générosité et de dévouement. Et, pour que cette étude pût aussi s’étayer sur la pensée des grands écrivains qui s’intéressèrent aux aveugles, Marcel Pollitzer a rappelé ceux qui nous léguèrent des pages inoubliables : Dickens, Lamartine, Kipling, Georges Duhamel, Maeterlinck, Lusseyran, Sarment et tant d’autres. Ils ont créé des personnages qui sont évoqués dans ce livre, et dont le souvenir nous rend plus impérieux encore le devoir de défendre une cause sacrée et de la faire triompher.