À l’automne 1995, un petit avocat oblige le Premier ministre, Alain Juppé, à déménager de son appartement, octroyé à « prix d’ami » par la ville de Paris. L’avocat s’appelle Arnaud Montebourg. Il veut faire parler de lui. Et il sait comment s’y prendre. Deux ans plus tard, Montebourg est élu député de la sixième circonscription de Saône-et-Loire. Le temps de dénoncer le fonctionnement des tribunaux de commerce, puis d’attaquer les circuits de blanchiment de l’argent sale, le député de la Bresse entame son morceau de bravoure. Faire traduire le président de la République Jacques Chirac devant la Haute Cour de justice. Pourfendeur de nos institutions, il créé la Convention pour la 6e République. Critique virulent de son propre camp, il fonde avec Vincent Peillon un courant au sein du PS baptisé le Nouveau Parti Socialiste. En moins de dix ans, ce parfait inconnu s’est fait un nom sur la scène politique nationale. Ce parcours éclair ne doit rien au hasard, mais à la mise en œuvre de stratégies et de techniques parfaitement éprouvées, avec le soutien d’un réseau d’amis bien placés. Une seule chose compte désormais pour l’impétueux député : la conquête du pouvoir. Ses armes sont toutes au service de sa grande ambition. Et gare à ceux qui se trouvent sur sa route. Le lionceau de Saône-et-Loire a le coup de griffe facile.

Guy Benhamou est journaliste indépendant et écrivain. Il a travaillé pendant près de dix ans à Libération, où il fut notamment en charge du dossier corse. Il collabore régulièrement au Point. Il est l’auteur de Pour solde de tout compte, entretiens avec deux chefs nationalistes corses (Denoël, 2000).