Paris, 7 décembre 184^*.

Tu vas dire : C’est un lâche ! — O mon ami ! ne le crois pas.

Oui, j’ai voulu mourir, et je vis encore ! oui, je t’ai écrit hier mon dernier adieu, et je reprends aujourd’hui la plume pour te raconter toute ma faiblesse, toute ma honte !

Heureux es-tu, toi à qui Dieu donna le privilége du rire ! Heureux Prosper ! Nonchalamment assis dans ta stalle, devant la scène du monde, tu te railles des fautes de l’un, de l’inexpérience de l’autre, des oripeaux dont ils se couvrent ; tu t’inquiètes peu des motifs qui font agir tant de masques ; tu ne demandes à l’intrigue que le plaisir du moment ; tu craindrais de te fatiguer à suivre l’affectation et l’étude dans tous les coins où elles se cachent ; si la pièce réussit, tu souris ; si elle tombe, heureux ami, tu siffles.

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIX^e siècle.