Tout lui réussissait et la gloire lui montait à la tête. Des journalistes des années trente, Jean Duluc fut, dans le sillage de Joseph Kessel et de l’équipe de Paris-Soir, l’un des plus brillants et des plus célèbres. Lorsque survint l’Occupation, il ne put se résoudre à quitter un Tout-Paris qui l’adulait, et il plongea dans la collaboration, plus par défi que par conviction. Aussi demeure-t-il, pour ceux qui le connurent, un homme qui provoque les passions, de l’admiration à la haine, tout en continuant aujourd’hui de fasciner. Ce roman retrace ses triomphes, ses échecs et ses nuances. Une boule de neige en enfer s’inspire de personnages qui ont existé et dont l’auteur a recueilli les témoignages. Parfois, même, les héros apparaissent sous leur vrai nom, illustre comme Pétain ou ignoré comme le chef milicien Philippe Joubert. Les faits relatés, les révélations apportées appartiennent plus à l’Histoire qu’à la fiction. Pour reprendre une expression classique : c’est souvent « incroyable, mais vrai ». De la province béarnaise d’avant la guerre de 1914 aux hésitations du maréchal Pétain à Vichy et à la vérité - inédite jusqu’à ce jour - sur l’attentat contre le général de Gaulle à Notre-Dame, en août 1944, de la peinture de la grande presse d’avant 1939 à celle des journaux engagés de l’Occupation, le récit, d’anecdote en anecdote, de relations de crimes en histoires d’amour, rebondit sans cesse, surprend et captive. On ne peut que se laisser prendre aux portraits des personnages dont on a parfois l’impression de partager l’existence. Et, pour la première fois dans la littérature française, est décrit sans manichéisme le mécanisme de la collaboration, et expliqué le comportement mental d’un collaborationniste.