En partie à cause de la menace soviétique, en partie pour d’autres raisons plus profondes, les peuples de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord sont solidaires. Voués à une existence en commun, ils doivent apprendre à en surmonter les problèmes. L’organisation de l’ensemble qu’ils constituent pose la question de la primauté des États-Unis, celle du rôle de l’Angleterre et du Commonwealth, celle de la possibilité pour les principaux pays de l’Europe continentale d’exercer les responsabilités qui leur reviennent. Il faudrait à ces derniers pays plus de stabilité interne : pourquoi les principaux pays du continent européen ont-ils tant de mal à se gouverner démocratiquement ? Les Euro-américains n’ont pas découvert la formule d’une coopération satisfaisante dans le domaine de la défense. Ils n’arrivent pas à suivre une conduite vraiment cohérente vis-à-vis du tiers monde. Si, en matière économique, ils ont mieux réussi à traduire en actes leur solidarité, leurs économies et leurs monnaies restent exposées à des faiblesses qui conduisent à réexaminer certains aspects des méthodes de gestion. En présence des nouvelles conditions de vie de l’âge industriel, il convient de réfléchir, des deux côtés de l’Atlantique, aux moyens concrets de mieux harmoniser avec elles les fondements de la civilisation commune. A un moment où la religion se trouve, elle aussi, devant la nécessité de certaines adaptations, un concile œcuménique est à la veille de se réunir. Occident et christianisme ne se confondent certes pas. Mais le concile pourra peut-être, par ses prolongements d’ordre politique et moral, atténuer les difficultés que les Euro-américains éprouvent à trouver leur équilibre.