Comment une société ou un individu étiquettent-ils ce qu’ils considèrent comme relevant du politique, de l’apolitique ou de l’infrapolitique ? Cette question a rarement été étudiée en tant que telle. Si des recherches récentes ont livré de passionnantes analyses sur « la politique autrement » ou « ailleurs », sur de nouveaux répertoires de l’action politique, peu ont centré leur réflexion sur les processus de politisation et de dépolitisation pour se demander ce que ces processus révèlent et induisent quant à la spécificité ou non du politique, quant à ses modes de fonctionnement et de structuration. Dans cet ouvrage, une équipe de sociologues, ethnologues et politistes tente, à travers dix enquêtes de terrain, d’appréhender quelques-uns des nombreux processus de construction sociale permanente et variable du politique. La notion de « frontières » n’implique aucunement de tracer des limites correspondant a priori à une quelconque essence du politique, mais invite au contraire à analyser, à travers les discours, les pratiques, les propriétés sociales, et les positionnements des acteurs vis-à-vis du jeu politique et des autres univers sociétaux, les déplacements incessants de ces bornages et leurs conséquences sur l’univers politique. De façon plus ou moins explicite, le jeu sur les frontières du politique peut révéler une volonté d’influencer les décisions politiques nationales ou internationales (mobilisations humanitaires comme Handicap International, valorisation du consensus sportif pour servir la candidature turque à l’entrée dans l’Union européenne), de valoriser une position d’autonomie par rapport au jeu partisan (le syndicat Sud-PTT), voire de participer plus ou moins directement au jeu politique institutionnel et de le rénover (le Forum Civique en République Tchèque), fut-ce en se présentant comme extérieur à celui-ci (les Motivé-e-s rennais lors des municipales de 2001). La multiplicité et l’évolutivité des processus de requalification du politique et de l’apolitique (comme en témoigne par exemple l’évolution de la rubrique « politique étrangère » dans les médias), leur caractère parfois contradictoire, ainsi que certains mécanismes de résistance au changement limitent de tels projets. Ils n’en produisent pas moins des effets réels, non réductibles à l’ordre du calcul stratégique. Additionnés à bien d’autres processus de déplacement non nécessairement conscients, ils établissent ou solidifient des passerelles entre les différents univers sociétaux, dans une dynamique relevant plus de la continuité que de la rupture. Les règles et pratiques du jeu politique, les ressources qui y sont mobilisées s’édifient ainsi souvent à partir de nombreuses interpénétrations avec d’autres univers sociétaux (littérature, carnaval, poésie, etc.), si bien que la distance entre ceux-ci et certains champs politiques apparaît parfois moins importante que celle différenciant certains sous-univers politiques (échelon local/national).
Editeur : Presses universitaires de Rennes
Publication : 17 juillet 2015
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [PDF + WEB + ePub + Mobi/Kindle]
Contenu(s) : PDF, WEB, ePub, Mobi/Kindle
Protection(s) : Marquage social (PDF), DRM (WEB), Marquage social (ePub), Marquage social (Mobi/Kindle)
Taille(s) : 1,83 Mo (PDF), 1 octet (WEB), 1,95 Mo (ePub), 5,01 Mo (Mobi/Kindle)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3290, 3283
EAN13 Livre numérique eBook [PDF + WEB + ePub + Mobi/Kindle] : 9782753538887
EAN13 (papier) : 9782753501133
Atd Quart Monde, Daniel le Guillou, Denis Prost
6,99 €