Dans un discours qui eut un grand retentissement en Europe, l’un des hommes d’état les plus illustres de notre temps, M. Gladstone, a osé dire que le XIXe siècle serait appelé par l’histoire « le siècle des ouvriers. » Les populations ouvrières ne jouent pas encore dans notre civilisation le principal rôle, et peut-être ne le joueront-elles jamais ; toutefois leurs intérêts, leurs doctrines, leurs aspirations, ont acquis, au point de vue de la paix et de la liberté sociale, une influence qui grandit chaque jour. La révolution mémorable qui ferma le siècle dernier avait eu la prétention de détruire toutes les distinctions de classes et de ne plus laisser subsister aucune barrière entre les différentes parties d’un même peuple. Cependant, comme si les efforts magnanimes de nos aïeux s’étaient trouvés illusoires, les fractions de la société qui vivent principalement du travail manuel affirment qu’elles sont iniquement exploitées par les autres catégories de citoyens, et, sous le prétexte de rétablir ou plutôt de créer la justice dans les relations sociales, elles annoncent l’intention de refondre non-seulement les institutions, mais encore les mœurs et les idées, en un mot la civilisation tout entière. Cet esprit d’hostilité radicale contre l’ordre existant a deux modes de manifestations : d’un côté, dans le domaine théorique, les discussions journalières, les programmes et les systèmes qui remplissent les réunions publiques et les organes de la presse avancée ; de l’autre, dans le domaine des faits, ces crises si nombreuses qui font irruption tour à tour dans nos divers centres manufacturiers, qui, en suspendant le travail, troublent le cours naturel de la production, et arrêtent la marche progressive de nos industries. En présence de ces idées subversives et de ces fréquents désordres matériels, les esprits les plus fermes se trouvent déconcertés et se prennent à douter parfois de l’efficacité des principes de liberté par lesquels ils croyaient assurer le développement régulier et pacifique de la civilisation. Le moindre mal produit par les crises successives et rapprochées n’est pas cette frayeur extrême qui envahit peu à peu le parti conservateur, et qui pourrait le jeter à la longue dans la voie des mesures de compression. Quelles sont les causes de cet état maladif où semblent se trouver les populations ouvrières? quels sont dans l’histoire, et spécialement dans la première partie de ce siècle, les antécédents de ces idées de violence et de guerre qui se manifestent dans les réunions ouvrières et dans les grèves ? comment la constitution de notre industrie se trouve-t-elle affectée par ces discordes intestines ? quelle est la position respective des entrepreneurs et des ouvriers dans ces regrettables luttes ?
Telles sont les questions que nous nous proposons d’examiner dans ce livre.
Editeur : Editions Le Mono
Publication : 5 février 2021
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [WEB + Mobi/Kindle + ePub]
Contenu(s) : WEB, Mobi/Kindle, ePub
Protection(s) : DRM (WEB), Marquage social (Mobi/Kindle), Marquage social (ePub)
Taille(s) : 1 octet (WEB), 989 ko (Mobi/Kindle), 272 ko (ePub)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3081, 3177, 3377
EAN13 Livre numérique eBook [WEB + Mobi/Kindle + ePub] : 9782381110745
EAN13 (papier) : 9782381110493
Serge Guichard, Aurélie Windels, Éric Fassin, Carine Fouteau
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