Publiées sur fond de guerres civiles, les deux tragédies de Jean de La Taille mettent en lumière la figure du premier roi d’Israël. Demandé (c’est le sens de son nom) par le peuple qui veut un roi à l’exemple des autres nations, Saül l’élu devient le furieux à qui l’esprit malin inspire la folie, jusqu’à la mort. Déchiffré à la lumière des topoi antiques sur la gloire, le bonheur des humbles et la précarité des grandeurs humaines, ce destin n’en garde pas moins son mystère : celui de la grâce. Il inspire à un auteur à peu près connu des seuls spécialistes l’un des premiers chefs-d’œuvre de la tragédie française. Dans le présent ouvrage, le métier tragique apparaît comme un mixte entre leçon édifiante et volonté d’illustrer la langue française. L’étude dégage les différentes lectures : morale, religieuse ou politique, dues à la greffe du modèle antique sur un sujet tiré de la Bible. Les moyens de la rhétorique se distribuent entre l’émotion, source de plaisir et de conviction, et la théâtralité, qui permet la circulation entre figures et dramaturgie.