La vie en banlieue est souvent difficile. Les images ou représentations qu’elle engendre sont facilement dominées par la violence, la détresse et la haine. Les banlieues n’en sont pas moins, la plupart du temps, d’intenses foyers de vie sociale et de générosité, d’imagination créatrice et poétique, de chaleureuses solidarités. Curé de Saint Étienne de Bellevue et de Saint Michel de la Croix Bonneau, dans une banlieue ouest de Nantes, Augustin Lebreton, professionnellement et personnellement engagé dans les transformations du monde dont il se sent proche, est tout à la fois témoin et acteur disposant de possibilités nombreuses. Parmi celles-ci, l’expression poétique, devenue pour lui un moyen de se mettre à l’écoute de tous ceux qu’il rencontre, de leur offrir un écho réconfortant de leurs souffrances et de leurs joies. Invités à donner un sens aux événements quotidiens qui constituent la trame de leurs existences, les lecteurs des poèmes d’Augustin ne cessent de l’encourager à écrire et de lui fournir un public de plus en plus élargi. Danse la vie, danse l’amour, recueil modestement sous-titré « Offrandes poétiques d’un prêtre de banlieue », réunit des textes composés de 1985 à 1999. De forme simple, le plus souvent traditionnelle et à l’écart de toutes les modes poétiques, ceux-ci deviennent parfois l’occasion de lectures publiques dont ressort incontestablement grandie une authentique poésie populaire. Une telle poésie, surtout lorsqu’on l’entend dire avec sobriété et justesse, devient ainsi élément essentiel d’un resserrement des liens sociaux. Mais pour Augustin, et pour tous ceux qui reconnaissent dans la parole du Christ la source de l’amour le plus intégral, le plus fort et le plus durable, la cause de la poésie et celle de l’amour d’autrui sont une seule et même cause. Comme la poésie, l’amour évangélique pulvérise toutes les exclusions ou attitudes exclusives prétendant se justifier par le primat accordé à la loi. C’est de cette conviction que le recueil d’Augustin Lebreton tire toute sa grandeur et toute son émouvante simplicité. Daniel Briolet