« Journalistes, économistes, hommes politiques, ont décrété que la classe ouvrière n’existe plus, qu’elle serait un résidu du passé, appelée enfin à disparaître. « N’en déplaise à ses fossoyeurs qui ignorent tout d’elle, la classe ouvrière est bien là, son "cadavre bouge encore". « Les usines ne sont pas devenues, par enchantement, des lieux de plaisir et de progrès social. Les conditions de travail se sont détériorées, la précarité de l’emploi, baptisée "flexibilité", s’est généralisée : intérims, CDD fleurissent. L’exploitation relève moins que jamais de la langue de bois, mais constitue bel et bien, pour la majorité des travailleurs, le lot de leur vie quotidienne. « Je discute sans cesse de leurs conditions de vie et de travail avec des prolétaires du rang venus exposer leurs problèmes, leurs difficultés, leurs espoirs. Ce sont leurs témoignages qui constituent l’essentiel de ce livre. Et ils sont sans appel ! « Salariés de la métallurgie, de l’automobile, de la chimie, mineurs, cheminots, personnel hospitalier, employés de banque, tous mes "témoins" illustrent combien les conditions de travail, d’emploi, de salaires, de sécurité, d’hygiène se sont dégradées avec la crise économique et la montée du chômage. Les employeurs ont toute latitude pour embaucher, débaucher, augmenter, au nom de la sacro-sainte productivité, les cadences, avec toujours moins de personnels, rivés à des systèmes technologiques impitoyables, les privant de toute initiative et de toute liberté. Il en va de même de leurs droits de citoyens dans l’entreprise et de la sauvegarde de leur dignité, bafoués par les petits chefs et le patronat. « Ce livre a été écrit pour faire entendre une voix trop souvent étouffée, niée, mais que nul ne parviendra jamais à faire taire : celle des prolétaires. » A.L.