Conseiller spécial du Président des États-Unis, John Taylor vient à Divonne-les-Bains, en morte-saison. Sous le prétexte d’y suivre une cure, il va rencontrer son homologue soviétique, Popoff, et entamer avec lui des pourparlers secrets. Que ce soit au golf, sous la douche ou dans une chambre d’hôtel, les deux hommes ne cessent d’échanger des propos énigmatiques. La connaissance que l’auteur a des milieux politiques et diplomatiques nous permet d’entrer dans le secret de cette grande négociation et de voir comment, allant à l’essentiel, deux hommes chargés du sort du monde sont amenés à s’avouer qu’ils ont besoin l’un de l’autre, même si chacun est condamné à défendre jusqu’au bout sa. propre cause perdue... En arrière-plan, d’étranges personnages apparaissent, inquiétants et cocasses à proportion : Evelyne, une nymphomane attardée ; un évêque aux attitudes suspectes, d’autres encore, pour ne rien dire d’un honorable agent-espion. Tout ce petit monde a des gravités de gens sérieux. C’est compter sans l’existence des fées. Dans cette mystérieuse Divonne, l’apparition de Kaï, une petite fille de neuf ans, bouleverse l’apparente insensibilité des négociateurs. Sa pureté a très vite raison de leur cynisme. Mais Kaï existe-t-elle vraiment ? A travers elle, John Taylor retrouve son premier et unique amour, Belle. Pour Popoff, Kaï se nomme Katouchka, Natacha, Maritza. Evelyne, quant à elle, la tient pour un ange, et l’évêque pour le diable. Toute en pointillés, elle représente aux yeux de chacun une vieille et poignante nostalgie. Il n’y a que l’agent-espion qui ne la rencontre jamais : que lui manque-t-il pour la voir ? Et le Président des États-Unis ? Comprendra-t-il pourquoi son dernier appel téléphonique est resté sans réponse ? Derrière les masques de la politique et de la diplomatie, apparaît sans cesse une humanité qui garde « les yeux ouverts pour voir si le prince arrive ».