« Je ne veux pas mourir », dit l’auteur. « Eux sont morts... » Comprenez ses ancêtres italiens, importés comme esclaves en Tunisie, cette lointaine année 1624, qui ont trouvé dans cette terre “et mère et femme et fille”, puis la cohorte des siens : les tantes chaleureuses, les parents, les cousins, les amis, toute la colonie italienne, condamnée à disparaître et qui s’étourdit en commérages et en frivolités. Chronique d’une société disparue, acte d’accusation, plaidoyer, description sociologique, reconstitution passionnée, autobiographie fabulée, la “Chronique des morts” est un tourbillon de désirs, d’odeurs, de lumières, de femmes, de tendresse et de violence, la passion de l’Italie plus le ciel africain. C’est aussi un livre rigoureux, strictement composé, en trois segments - “Le Livre de la Légende, Le Livre du Témoignage, Le Livre des Iniquités” - ayant chacun une coloration et une tonalité propres : opéra en prose ou cantique moderne qui retrouve dans les cris de l’affection et dans les clameurs de la haine les grandes voix du passé italien. Œuvre de moraliste, c’est le plus italien des romans français.