Ayant enfin terminé la dernière des leçons qu’il donnait trois fois par semaine dans un petit pensionnat de la rue de Fleurus, le très obscur musicien Francis Rozaven regagnait sans hâte sa demeure. Sa boîte à violon, sous son bras, s’allongeait comme une sorte de minuscule cercueil noir, et, vraiment, dans les ombres tombantes où il s’enfonçait, le jeune homme paraissait aussi abattu que s’il eût en réalité porté le cercueil d’un être chéri. C’était encore une misérable journée qui agonisait, mais il n’avait point le droit, lui, d’enterrer de telles journées avec un soupir de soulagement ; hier avait été aussi terne qu’aujourd’hui, demain serait exactement semblable.

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIX^e siècle.