Les voyages en avion sont propices au rappel des souvenirs. C’est à quoi s’occupe Jérôme tandis qu’il survole l’Atlantique. Son enfance à Paris, avant guerre, la guerre (drôle, paraît-il) sur les bords de la Loire, l’exode, les débuts de l’Occupation, puis la Suisse, la vie de palace — et l’on s’y amuse même si le monde est à feu et à sang. Dans ce pays qui excelle à mesurer le temps, celui-ci s’est arrêté. Lorsque paraît Véra, Juive allemande, dont la beauté fait presque scandale, Jérôme, étudiant rêveur, apprendra que cet amour-là est insaisissable. La guerre s’achève. Véra disparaît sans crier gare. Bien des années passeront avant que Jérôme, la quarantaine atteinte et à qui désormais la solitude tient fidèlement compagnie, découvre sa véritable identité. Le moment n’est-il pas venu de vaincre un vieux remords et d’écrire enfin le livre qui donnera peut-être son sens à une vie différente de celle qu’il avait souhaitée ? Et ce livre s’intitulera naturellement Véra, passion trompeuse qui, pour Jérôme, restera malgré tout l’image déchirante du bonheur.