Pendant près de 30 ans, Isabelle Demongeot s’est tue. En ce temps là, ces choses là ne se disaient pas. On les subissait, puis on les occultait. On faisait comme si « ça » n’avait pas eu lieu, de toutes façons, on se refusait à croire “cette parole” ; c’est la personne victime, celle qui en parlait, que l’on regardait mal. Pour sa famille, ses amis, son public, toutes celles et ceux qui admiraient en elle la jeune prodige des courts promise à un avenir glorieux, Isabelle la tropézienne a caché ce qu’elle avait enduré toutes les semaines dans les vestiaires depuis l’âge de 13 ans. Mais le corps n’est pas amnésique. Dans le cabinet d’un médecin, à l’aube de la quarantaine, l’ex n°2 française du tennis féminin est soudain rattrapée par son passé. Neuf ans d’abus sexuels qui ont déformé son corps et son esprit. Découvrant que les faits qui la concernent sont prescrits, la championne retrouvera avec l’aide d’un gendarme bienveillant plus de 20 autres victimes du même agresseur. 5 ans avant #MeToo, ils réussiront tous ensemble à faire comparaitre puis condamner l’agresseur : un exploit digne d’une médaille olympique. A partir de là, une autre partie commence, celle de la réparation. Le téléfilm issu de son livre diffusé sur TF1 fin 2021 changera le regard de tous les autres sur Isabelle, et de fait le sien sur elle même. En 2022, la réhabilitation de la tenniswoman par la Fédération Française de Tennis sera une nouvelle étape essentielle pour que son sourire retrouve la chaleur d’avant. Parue en 2007, la première édition du récit s’arrêtait avant les procès donc avant que l’agresseur soit condamné. Isabelle Demongeot livre ici une version augmentée de 5 chapitres qui raconte l’histoire jusqu’à ce que la honte change de camp. Jusqu’à « sa réparation », qui est aussi un peu la notre. A travers cette édition augmentée qui parait, Isabelle souhaite partager son expérience pour que les enfants soient en sécurité même dans le sport de haut niveau. Ce livre est un marqueur, le marqueur d’une époque qui plaçait l’entraineur avant l’athlète et qui favorisait ainsi un système de prédation sur des enfants qui ne rêvaient que de médailles et pas de leur revers.