Les plateaux de la Castille, où Roger Ferlet a situé l’extraordinaire histoire de Véronique Alvernèse, sont, depuis longtemps, l’aire idéale du mysticisme. Une fillette se trouve prise dans le courant de l’initiation religieuse, et ses états successifs font, tout naturellement, l’objet d’un enregistrement graphique, puisqu’elle a reçu le don de dessiner et de peindre. C’est aussi, tout naturellement, que son ascension s’accomplit dans un climat de guerre civile, car les fleurs mystiques ne s’épanouissent pleinement que lorsque l’Espagne pleure et saigne. Les chants et les danses, les pompes et les rites, les violences et les combats, ni la mort ni l’amour, rien ne troublera Véronique Alvernèse, qui redécouvrira d’elle-même le message final de sainte Thérèse d’Avila : « c’est dans l’action que s’accomplit l’amour divin » et le dernier tableau que Véronique Alvernèse voudra peindre, sera celui de sa propre vie. Il représentera l’épreuve la plus souhaitable, la plus courante et aussi la plus difficile du chrétien : celle de l’existence quotidienne dans le monde. Pour évoluer dans de tels sujets, avec cette sûreté, il faut autant de ferveur que de talent, et cette certitude intérieure qui donne le droit à l’auteur de nous rappeler la gravité de nos destins.