C’est sous la forme de souvenirs, de conversations, d’anecdotes, de récits de voyage, que Guy Morissée nous présente la physionomie réelle de tous ces pays issus de l’éclatement de l’Empire Ottoman, à la suite de l’application du traité de Versailles. Jadis inconnus sur la scène politique, le Liban, la Syrie, la Palestine, la Transjordanie, l’Irak, l’Arabie hachémite puis séoudite, le Yémen font, aujourd’hui, entendre leur voix dans le concert des nations. L’auteur analyse, de façon claire et vivante, leur évolution curieuse, désordonnée même, vers cette forme de vie absolument nouvelle pour eux : la démocratie, que leur a imposée l’Occident après les avoir libérés de leur asservissement millénaire. Guy Morissée nous entretient aussi de la Perse, et de l’Égypte, où il a passé son enfance et sa jeunesse, et qu’il connaît à fond. Il s’attache essentiellement à décrire les causes profondes qui s’opposent encore à une métamorphose que l’on veut trop rapide ; entre l’Occident et le Proche-Orient, il y a la richesse et l’opacité de tout un univers : religion, philosophie, langue, tempérament, autant d’obstacles entre la communauté spirituelle de l’Islam, et les nations occidentales. Mais l’étonnant comportement des peuples arabes, nous devient aujourd’hui compréhensible, après la lecture de cet ouvrage, qui a préféré aux artifices de la littérature et à la prétendue objectivité des considérations abstraites, le témoignage chaleureux, concret, divers et nuancé d’une expérience personnelle profondément vécue en terre d’Islam.