Né en 1960 à Sainte-Adresse, Philippe Dupuy intègre les Arts Déco de Paris en 1979, une formation généraliste qui le confronte très tôt à des pratiques artistiques diverses et transversales. Parallèlement à ses études, il commence à publier illustrations et bandes dessinées dans la presse, en France et en Belgique. En 1983, il rencontre Charles Berberian avec qui il forme un indissociable duo de signatures, tant pour le dessin que pour le scénario. Le duo Dupuy-Berberian va s'illustrer ainsi aussi bien dans la bande dessinée que dans l'illustration, les affiches de film ou les carnets de voyage. Plus de 25 albums naîtront de cette collaboration. Le duo signera d'abord l'album <i>Petit Peintre</i> (Magic Strip, 1985) avant de démarrer, en 1988, <i>Le Journal d'Henriette</i> dans <i>Fluide glacial</i>. Henriette, pré-ado timide mais à la personnalité aussi forte que sa présence graphique, séduit vite le grand public par sa verve tendre et parfois acide. La série récolte en 1989 un Alph-art coup de cœur au festival d'Angoulême. Elle sera relancée dix ans plus tard pour une nouvelle série d'albums aux Humanoïdes Associés, puis chez Dupuis, qui la prépubliera dans le journal <i>Spirou</i>. Le duo Dupuy-Berberian publie ensuite, en 1991, le premier tome de <i>Monsieur Jean</i> aux Humanoïdes Associés. Romancier urbain, Monsieur Jean brosse avec élégance le portrait de toute une génération, qui se reconnaîtra dans son évolution au cours des années. Le processus créatif de cette fresque contemporaine au trait nerveux mais élégant est analysé dans <i>Journal d'un album</i> (L'Association, 1994). Monsieur Jean apparaîtra également dans <i>La Théorie des gens seuls</i> (Humanoïdes Associés, 2000), après avoir récolté l'Alph-art du meilleur album en 1999 à Angoulême. La série prendra ses quartiers chez Dupuis à partir de 2003. La même année, Dupuy-Berberian se voit récompensé pour son œuvre par le célèbre Comic-Con. En 2008, Dupuy et Berberian obtiennent sous leur double nom le grand prix de la ville d'Angoulême. La même année, ils illustrent chez « Aire Libre », sur un scénario de Jean-C. Denis, le magnifique <i>Un peu avant la fortune</i>. Dans le courant des années 2000, chacun retrouve peu à peu son indépendance. Philippe Dupuy signe son premier album en solo, <i>Hanté</i>, chez Cornélius en 2005. Sa rencontre avec la scénariste et écrivaine Loo Hui Phang initie un nouveau cycle de collaborations avec <i>Une Élection américaine</i> (2006), <i>Les Enfants pâles</i> (2012), <i>L'Art du chevalement</i> (2013) et <i>Nuages et pluie</i> (2016). Désormais, l'auteur n'aura de cesse de creuser son rapport intime à l'art en général et à la bande dessinée en particulier, imaginant toutes sortes de passerelles ou d'expériences. Pour la plateforme <i>Professeur Cyclope</i>, il déroule ainsi une <i>Histoire de l'art</i> ludique et personnelle, dessinée sur un format tout en longueur, qu'il édite en 2016 chez « Aire Libre » sous la forme d'un immense leporello de plus de 23 mètres recto verso. Il poursuit ensuite ses déambulations dessinées sur l'Avant-garde grâce à <i>Peindre</i>, consacré à Man Ray et <i>Ne pas peindre</i>, dédié à Paul Poiret. « Aire Libre » publie en 2021 une intégrale de ce remarquable travail. Cette même année, Philippe Dupuy signe chez Futuropolis l'album <i>J'aurais voulu faire de la bande dessinée</i>. Artiste hors case, Philippe Dupuy affirme son goût pour un décloisonnement jubilatoire à tous les niveaux en animant également la bande dessinée sur scène au gré de concerts, performances, ou expositions remarquées, notamment à La Ferme du Buisson.