Il ne s'agit pas d'un nouvel ouvrage sur Srebrenica, le plus grand massacre sur le sol européen depuis la fin du IIIe Reich, et le mieux documenté. Il ne s'agit pas non plus d'une simple enquête sur l'échec de nos pays à empêcher, en juillet 1995, le retour du génocide en Europe. Le Sang de la realpolitik : l'affaire Srebrenica est le récit haletant du drame dans le drame, celui encore jamais raconté de la raison d'État qui a poussé nos pays à abandonner à ses bourreaux une population promise à la mort. La reconstitution étape par étape des choix inavouables de nos diplomaties qui ont fait de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne les facilitateurs du dernier génocide du siècle passé.

L'affaire Srebrenica est aussi une métaphore. Au-delà de l'épisode historique qu'il relate, ce livre permet de mieux comprendre la conduite des affaires étrangères et éclaire des dynamiques qui affectent, pour le meilleur ou pour le pire, le destin d'autres peuples.

En forme de champ-contrechamp, articulé autour de nombreuses citations d'acteurs directs des événements et servi par une écriture sobre et efficace, il offre une démonstration implacable et objective du degré de la responsabilité de nos États dans cette tragédie qui se déroule sous leurs yeux. L'histoire n'était pas faite, la voici qui modifie la perspective que nous avions de ces événements.


Florence Hartmann, ancienne journaliste au Monde, elle a couvert la guerre en Bosnie avant d'être la conseillère et porte-parole du procureur des tribunaux pénaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. Elle a signé plusieurs ouvrages sur les Balkans et la justice internationale.