« Faut-il épouser Sacha Guitry ? » Oui, à coup sûr, répond avec une fermeté exemplaire Jacqueline Delubac qui fut pendant sept ans sa compagne légitime. Sept ans d’intimité avec un monstre sacré, un satrape éclatant, un prince de la nuit et de la démesure ? Sept ans de gloire fragile dans les diamants et les larmes, les crises de nerfs des studios et les fastes de la scène ? Sept ans de passion au sommet et de basses déchirures ? Eh bien non ! Rien de tout cela ! Sept ans d’un amour qui ne fut quant à lui jamais remis en question — et si banal dans sa logique impérieuse qu’il connaissait comme à l’avance sa juste étendue, ses propres lois, son exact devenir. Le seul paradoxe de ce couple exceptionnel : Sacha et Jacqueline, c’est d’avoir vécu — et de nous faire revivre par la confidence de Jacqueline et son dialogue avec Sacha — un amour absolument comme les autres. Un amour de tout le monde. Sacha Guitry qui ne voulait en aucun cas que l’on touchât à ses pièces, pour en demeurer à la fois le créateur et le moteur d’ensemble, trouve ici, en son témoin posthume, le metteur en « scène » qui convient à son remuant génie. Le travail de Robert Yag — un choix dont il faut honorer Jacqueline — est d’autant plus remarquable qu’il est inédit. Finie la continuité orthodoxe des biographies, esclave de ces lois floues qui, dit-on, font lire. Robert Yag « découpe » le texte savoureux de Jacqueline. Il l’oriente et l’éclaire et nous propose un vrai spectacle pétillant d’anecdotes, libre sans précipitations, élégant sans snobisme, riche sans supplément d’apparat. Écoutez bien Mesdames : Il faut toujours épouser Sacha Guitry.