Une jeune femme a les expériences normales de tout le monde : on travaille, on aime, on rêve. Et soudain, l’ordre des choses est bouleversé ; il suffit pour cela d’un regard un peu appuyé, ou d’un désir que l’on ne prend la peine ni de préciser ni de chasser de sa mémoire. C’est ce qui arrive à l’héroïne de « Solitude à trois ». Un jour, elle rencontre deux jumeaux, Simon et Maria. Un trouble ne cesse plus dès lors de l’habiter et de s’amplifier en elle. La beauté des corps la séduit et comme ils sont si semblables, si proches, peut-elle dire que le frère l’attire plus que la sœur ? D’autres êtres traversent l’existence de la jeune femme ; ils ne sont là que pour la divertir de sa délicieuse angoisse, et pour mieux l’y replonger. Les malentendus se multiplient, comme les occasions de commettre l’irréparable. Le livre subtil et complexe de Claire Vallier Hatvany, qui analyse à merveille les moindres élans du cœur et les moindres obstacles à ces mêmes élans, traduit ce va-et-vient entre trois êtres : cet enfer, ce paradis crispant, à la vérité. Et le choix n’en sera pas un : la jeune femme ira vers la sœur et, dès que sa décision sera prise, disparaîtra. Pudique et équivoque, sensible et précis, tendre et profond, ce roman s’impose par son harmonie, sa clarté et l’équilibre psychologique qu’il découvre au sein de ses déséquilibres internes.