Résumé
Dans mon enfance scolaire et dans mon lit, les héros de l'Antiquité habitaient mes songes avec les champions : j'étais Hannibal traversant les Alpes avec ses éléphants ; je prévenais Cléopâtre de la présence d'un aspic ; et, la minute d'après, je devenais Lacoste terrassant Tilden dans la Coupe Davis.Une nuit, mes rêves — plutôt les siens — se réalisèrent : cette nuit de l'été 1927, à La Baule, où mon oncle me réveilla à une heure du matin, en s'écriant, à la première personne du pluriel : « Pierre ! Nous avons gagné la Coupe Davis ! » L'oncle dirigeait la revue Tennis et Golf : pour lui, c'était la gloire… Trois mois avant, déjà, à La Faisanderie, Lacoste, grâce à une régularité de métronome et à un passing-shot de revers, ajusté le long des lignes avec une précision de géomètre, avait vaincu le magicien Tilden, aux sortilèges — et au service-canon — duquel personne n'avait résisté depuis sept ans : 11/9 au cinquième set, avec deux balles de match contre le « crocodile ».Il m'aura fallu attendre plus d'un demi-siècle, pour qu'une finale (Borg-McEnroe) me donne des palpitations comparables (un peu moins fortes car il n'y avait pas de Français dans le coup).Aujourd'hui, « Plaisir du Tennis » a pour moi une double saveur : si le tennis m'a appris que l'on pouvait avoir du génie sur le court, et être complètement idiot en dehors des heures de service (cela peut être vrai d'un industriel ou d'un pianiste) — ce n'est pas le cas de Lacoste : tacticien hors pair, il est excellent analyste. Et s'il insiste sur le plaisir du jeu, c'est qu'il a connu une époque où il y avait encore un parfum de dilettantisme — sinon de véritable amateurisme… Aujourd'hui, le tennis est devenu une affaire sérieuse. Si sérieuse, qu'on croit rêver en pensant que Borotra, ayant gagné Wimbledon, allait le lendemain à son bureau. On n'entend même plus les « good shot ! » ou « magnifique ! » qui saluaient la réussite de l'adversaire. Économie d'énergie verbale. Et il ne viendrait à l'idée — ou à l'esprit — de personne de crier comme Mme Fenwick, parce que le soutien-gorge d'une joueuse a craqué alors que le score est de 40 partout : « avantage dehors ! ».Pierre Daninos
Auteur
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LES ILLUSTRATEURS
Trente Fables de la Fontaine interprétées par 30 artistes contemporains : Frédéric Clément, Quentin Blake, Antonin Louchard, Joëlle Jolivet, François Place, Bruno Heitz, Mireille Vautier, Jean Claverie, Philippe Dumas...
Caractéristiques
Editeur : (Fayard) réédition numérique FeniXX
Publication : 1 janvier 1981
Support(s) : Livre numérique eBook [PDF]
Protection(s) : Marquage social (PDF)
Code(s) CLIL : 3442, 3435
EAN13 Livre numérique eBook [PDF] : 9782706248801