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Résumé

Je me rappelle très bien de Granpère.

La dernière fois que je l’ai vu il était monté en coup de vent (« en coud’vent » comme il disait) traiter un genre de questions dont il ne me livra pas le détail avec des gens du gouvernement ; de ces grands et graves commis de l’État qui ne se déplaçaient pas aussi facilement que les flibustiers policés avec lesquels il avait ses habitudes (tout ce noyau hétéroclite de relations, de connaissances et d’amis qui frétillaient dans ses alentours, toute cette... bigarrure, dont il a su forcer le respect en les tenant à sa pogne par des deals juteux qui les rendaient tout miel).

Mais d’ailleurs, c’était du flan, car si ces gens du ministère ne daignaient pas le visiter à la ferme dans un tout premier temps (parce qu’après c’était autre chose, ils étaient tout le temps pendus à ses basques), vraisemblablement pour sauvegarder les apparences d’une hiérarchie subtile, préserver une dignité spécieuse précieuse à des interlocuteurs mandatés soucieux de préserver leur différence par une distinction qui les établirait à leurs propres yeux pour un petit peu plus que des salariés, c’était de Granpère dont les ministres avaient besoin, et non lui d’eux.

Cantine est un paysage, ou peut-être une peinture : une image élégiaque assez noire, un collage émaillé de figures et de noms, de pastiches, de citations, d’emprunts et de renvois.

Évoquant les mille et un petits "faits" de cette campagne imaginaire, esquissant des figures, et entres autres un portrait de Granpère dont l’appât du gain et l’ultralibéralisme ne sont pas sans s’unir idéalement à l’avarice archaïque et séculaire du "paysan", le narrateur contaminé entre dans la danse, au risque d’y perdre la vie au cours d’un rétrécissement drastique du temps (« Les murs bleuissent et la nuit vient. »).

Par fragments et périodes, entre dialogues, monologues et descriptions, de Granpère en Toto, de Mirette à Quoiqui, c’est une sarabande paradoxale, lente, qui se déploie et se répète, avant de se refermer à la façon d’un éventail, d’un coup.

J’ai voulu me saisir de certains registres de la langue, entre le subjonctif et le vernaculaire, l’officiel et sa déformation, le propre et le vulgaire, et en les réunissant manifester autant ce qui les sépare que ce qui les rapproche, sur cette base extravagante d’une histoire à dormir debout. Ceci parce que ce ne sont pas les faits qui importent et constituent la chair du monde, la réalité à nos yeux, mais la manière de les raconter ; attendu que l’horizon du monde repose pour nous essentiellement sur les mots.

Du même auteur en ebook : "Couleur locale"

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Auteur

  • Mehmet Lapoul (auteur)

    Issu du croisement d’un Samoyède et d’une Charentaise passionnée par la cuisine syrienne durant la dynastie des Omeyyades (661-750), Mehmet Mapoul, né en 1968 à Ouégoa, Nouvelle-Calédonie, coule une enfance heureuse dans le parc familial d’Arvert (Poitou-Charentes), planté d’essences choisies, telles que le Micocoulier Occidental (Celtis occidentalis), l’Acer palmatum (Osakazuki), le Diospyros virginiana (American persimmon), ou le Betula albo-sinensis, au feuillage d’automne éclatant. Mais le malheur frappe cette famille unie, et suite au trauma qu’engendre une phrase blessante surprise au travers d’une haie mitoyenne : « Ils sont roumains, les schtroumpfs ? », on diagnostique chez l’enfant, unique et chéri, en plus d’un nanisme achondroplasique congénital, une déficience en ribose-5-phosphate isomérase. Accablé par le destin, son père met fin à ses jours. Sa mère vouera ses forces à pallier chez Mehmet des carences qu’elle se reproche cruellement (ce qui l’amènera à débuter une analyse auprès de Jacques Lacan). Mehmet, reclus dans sa chambre, dont il a fait retapisser les murs de plaques de liège, entame une obscure carrière littéraire.

    Le sentiment de l'indéfini sur la rive du Serre-Ponçon, 1982 ; Simone de Beauvoir ou la destinée volontaire, 1987 ; Déments et Merveilles, 1989 ; L’invention de la Grotte de Giens, 1991 ; Consigne (journal entamé en 1997) ; Modeste Contribution, un portrait, 2000 ; Dérivation, 2003 ; Désordre interne, 2004 ; La vie morte, 2005 ; Louis, 2007-2010 ; Couleur locale, 2007-2013 ; Salle des fêtes, 2008-2009 ; Le meuble à tiroirs, 2009 ; Le fleuve (en cours) ; mour, 2013 ; Insulte à la gent, 2013 ; Marie décolle, 2014 ; Hébride Nouvelle, 2015.

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Auteur(s) : Mehmet Lapoul

Caractéristiques

Editeur : Libres d'écrire

Auteur(s) : Mehmet Lapoul

Publication : 19 février 2015

Edition : 1ère édition

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + PDF + WEB]

Contenu(s) : ePub, Mobi/Kindle, PDF, WEB

Protection(s) : Marquage social (ePub), Marquage social (Mobi/Kindle), Marquage social (PDF), DRM (WEB)

Taille(s) : 345 ko (ePub), 1,17 Mo (Mobi/Kindle), 1,15 Mo (PDF), 1 octet (WEB)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3442

EAN13 Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + PDF + WEB] : 9782368451854

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