Peu de gens se souviennent aujourd’hui de Raymond Patenôtre, député de Rambouillet, brillant homme politique de la IIIe République. Pour les générations de l’après-guerre, ce nom ne signifie rien ; il est rarement cité dans les livres d’histoire, il n’a pas été Président du Conseil, ni Ministre des Affaires Étrangères, ni titulaire d’un de ces postes clés qui perpétuent la mémoire d’une personnalité. Son mérite n’en a pas été moins grand. C’est en lisant un ouvrage aujourd’hui complètement oublié Vers le bien-être que Jean Claude Broustra a décidé de faire des recherches sur un homme dont les idées lui semblaient d’une logique implacable. Malgré les années qui ont passé, certaines thèses de Raymond Patenôtre demeurent plus actuelles que jamais, notamment dans les domaines économique et monétaire. Ceux qui à l’heure actuelle prônent le retour à l’étalon-or ou à la déflation, devraient lire les ouvrages que Raymond Patenôtre avait écrits entre 1932 et 1936. Ils comprendraient pourquoi déjà avant la guerre, il s’opposait à Jacques Rueff. Et pourquoi — comme le faisait remarquer Robert Chantemesse — aujourd’hui encore, s’il vivait, il serait son adversaire. Mais Raymond Patenôtre n’a pas été qu’un expert financier. Il a été un des premiers à prévoir les dangers de l’Allemagne hitlérienne. Cet homme de gauche s’est fait l’avocat passionné du réarmement français dont il pressentait la nette insuffisance. S’il n’a pu secouer le pacifisme de la France, son action lui avait valu d’être, à l’époque déjà, remarqué par le lieutenant-colonel Charles de Gaulle.