« Phuoc », c’est la maison du bonheur ; celle de l’enfance et de la paix. Pour une Vietnamienne, ce ne peut être qu’une maison perdue. Issue de la bourgeoisie vietnamienne, l’héroïne de ce roman n’avait été préparée qu’à la douceur de vivre. Elle ne connut que la guerre. L’amour lui-même ne sut être pacifique. Le colonel V., officier de l’Armée française rencontré en Indochine où tout s’oppose à leur réunion, va l’entraîner dans l’aventure de cette partie de l’armée qui passera dans la clandestinité à la fin de la guerre d’Algérie. Puis ce sera le procès, l’évasion et l’exil. Mêlée de près à des événements historiques, elle n’en saura que l’angoisse d’attentes répétées, rêvant en vain d’un foyer paisible. Elle ne connaîtra pas l’exaltation de l’action, mais seulement des joies intenses et épisodiques, retrouvailles toujours assombries par l’absurde séparation qui doit suivre. L’histoire se fait en dehors d’elle, contre elle. C’est ce qu’elle comprend le mieux. Le reste lui échappe, les événements la mènent ; par le bout du cœur, sans doute. C’est ainsi que ce roman, paradoxalement lucide, rejoint la tragédie. L’amour, la guerre, la mort, sans cesse entrelacés, se jouent d’un espoir tenace qu’un destin absurde anéantira. « Phuoc » n’est qu’un souvenir d’un temps où la paix régnait dans les rizières.