Il neige tout au long de ce livre. Le narrateur, un professeur, choisit le jour où sa jeunesse semble l'abandonner pour ne plus aller directement du lycée à l'appartement où il vit. Le visage qui l'attire hors du parcours quotidien est celui d'une enfant, captive ou maîtressede quelque chose qu'il ignore et qui le fascine. Il cherche à établir sur elle un pouvoir auquel il ne croit plus. Mais rien de réel ne se passe entre eux parce qu'ils ne sont pas seuls, épiés par ceux à qui ils appartiennent : une femme plus âgée et l'ami Martin. De quel ordre est la relation qui lie les personnages entre eux? Ils s'installent, sur un lit ou au café, et à peine commencent-ils à parler qu'ils s'enivrent, s'interrompent ou se fuient. Aux dialogues où ce qu'ils se disent ne nous apprend rien, l'auteur préfère la description de leurs gestes fiévreux, souvent inachevés. Ce livre impur où la honte appelle le plaisir, où le malaise répond à la fièvre, est comme purifié par le malheur, qui, jusqu'à la fin, attend calmement chacun des protagonistes.