On savait l'Afrique malade de ses projets industriels, mais on connaît peu ou prou les cheminements concrets qui l'y ont conduit. Cet ouvrage vise à combler une lacune dans ce domaine. En partant du cas zaïrois (qui est loin d'être unique en son genre) et en s'appuyant sur une documentation originale rassemblée durant plusieurs années, l'auteur démonte les mécanismes politiques et économiques sous-tendant des "transferts industriels" qui ont pris la tournure d'une vaste prédation internationale.
Il ne s'agit ni d'accidents de parcours, ni de faits divers relevant d'une chronique à scandales, mais d'un enchaînement linéaire et inexorable de cas : au départ, il y a le potentiel hydro-électrique d'un fleuve, le Congo-Zaïre, qui génère des plans de développement grandioses, toujours surdimensionnés, qui, à leur tour, dégénèrent en une cascade de catastrophes industrielles et commerciales avec, à la clé, un pays ruiné.
Une loi prométhéenne est en quelque sorte à l'oeuvre, dont les origines se situent dans le Congo colonial et euphorique des années 50 : une fois prise l'option de départ - la mise en route du programme hydro-électrique d'Inga -, la liberté de choix n'existe plus ; chaque réalisation s'enchevêtre l'une dans l'autre, est justifiée par la précédente et la justifie à son tour. Le Zaïre est ainsi emprisonné dans une série d'orientations contraignantes pour sa politique industrielle et son avenir tout court.