« En juin 1954, j’ai été muté, sur ma demande, de la sous-préfecture de T... à la commune mixte de C... » Kabyle « évolué », fonctionnaire bien noté, Meziane Noureddine fait confiance à la France. Après le soulèvement du 1er novembre 1954, il participe à l’exécution des mesures de sécurité décidées par ses chefs — sans conviction : « Le calme règne partout. » Quand, un peu plus tard, la révolte gagnant insensiblement toute l’Algérie, les rebelles montent à l’assaut de la ville de C..., il contribue à la défense des points stratégiques, assure la liaison radio avec la Préfecture, réconforte les civils européens affolés par l’irruption des fellagha. Quelque temps après, des élections se déroulent en Algérie. L’administration s’inquiète : les « séparatistes » ont la faveur des musulmans. Meziane Noureddine « arrange » les choses... et le candidat officiel est élu. Cet employé zélé, qui se veut français, qui se croit français, sera arrêté en 1958 comme membre de l’Organisation Spéciale du F.L.N. C’est en prison qu’il rédigera les cahiers que nous publions aujourd’hui. Pas un mot n’a été changé dans ce document étonnant où un Algérien nous raconte comment il est devenu Algérien.