Le narrateur — un jeune homme — reste fasciné par le « mystère » que représentait à ses yeux un couple auprès duquel il était assidu : la séduction, le prestige, l’autorité de Jérôme sur le petit cercle d’amis ; la beauté, l’amour dévotieux, l’effacement volontaire de Marthe. Le couple est aujourd’hui détruit. Et le narrateur s’interroge. Jérôme disparu, Marthe est-elle toujours la même Marthe ? Et Jérôme quel était son rêve ? Pourquoi a-t-il voulu partir ? Pourquoi sa fuite dans la nuit ? Qui était-il vraiment, qu’a-t-il cherché ? Bref, quel était le secret de « Marthe et Jérôme », couple à la fois indissociable et disparate dans la mémoire affective du narrateur ? Celui-ci, de question en question, tente de faire reculer la limite d’une rupture qu’il ne supporte pas. Plus qu’à raconter une histoire qui serait celle du couple, il s’applique à redonner vie aux liens qui l’unissaient à Marthe et Jérôme, comme s’il lui fallait retrouver la sécurité d’être amarré à chacun d’eux. C’est encore et toujours la mémoire, passionnée et oublieuse, parfois méticuleuse, souvent allusive, qui mène l’enquête (la quête), ressuscitant, recréant personnes, lieux, objets, au rappel d’une émotion. Ceux que nous croyons connaître le mieux demeurent un mystère dont seule l’approche fait de nous leur prochain.