En écrivant cet ouvrage avec la collaboration de Claude Brovelli, Jean Wolf désirait montrer le vrai visage de ce conflit africain, trop souvent défiguré, soit par des commentateurs intéressés, soit par un journalisme « à sensation », ajoutant à leurs reportages horrifiques des considérations n’ayant rien à voir, très souvent, avec les véritables origines de cette lutte intestine. Pour cela, il fallait remonter aux sources, et c’est une des tâches auxquelles il s’est employé en se rendant au Nigeria. Il nous explique pourquoi et comment a éclaté cette guerre fratricide. Il insiste très longuement sur le rôle joué par les grandes puissances, rôle qui correspond à verser continuellement du pétrole sur un incendie extrêmement dangereux pour l’Afrique. Du pétrole, il y en a beaucoup dans cette région, et c’est peut-être pour cela que les hostilités se prolongent à n’en plus finir... De toutes manières, avec les actuelles implications internationales : la France, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Chine communiste, le Portugal, l’Afrique du Sud, la Rhodésie, Israël, la Zambie et la Tanzanie formant un étrange cortège qui soutient le Biafra d’une part, le Royaume-Uni, l’Union Soviétique, l’Égypte et la plupart des États africains appuyant le Nigeria fédéral, d’autre part, il y a peu de chances pour que cessent bientôt des hostilités dont Claude Brovelli, qui a fréquenté pendant deux mois le front, nous donne une saisissante description, tout en nous faisant pénétrer avec lui au G.Q.G. d’un chef de guerre fascinant et redoutable : le colonel Benjamin Adekunle, le célèbre « Scorpion Noir » nigerian. Il s’agissait aussi de démystifier la propagande adroite du colonel Ojukwu, chef du Biafra, grâce à laquelle le monde entier croit encore aujourd’hui que les Ibos sont les victimes d’un génocide. En réalité, il n’y a pas de génocide, ou alors, il existe un génocide réciproque, dans la mesure où l’on peut appeler ainsi la fureur avec laquelle les combattants des deux camps ont accumulé horreurs et massacres. Ce livre a le grand mérite de nous dire la vérité sans peur des mots, d’être aussi le premier ouvrage objectif sur cette tragédie africaine à laquelle plus personne d’entre nous n’a le droit de demeurer indifférent.