La crise congolaise a commencé en juillet dans la violence et la peur. La révolte inattendue des soldats noirs de la Force publique a provoqué l’exode massif de milliers de blancs. Le Congo a basculé dans l’anarchie et le chaos. Cinq mois après il n’en est pas sorti. Rien n’est réglé. L’intervention de la force de police des Nations Unies a-t-elle permis d’éviter une internationalisation grave du conflit ? En tout cas la marche en avant de l’ancienne colonie belge est suspendue. Son unité même est compromise. La sécession de la plus riche province, le Katanga, paralyse le développement économique du pays. Une poignée de leaders politiques congolais s’épuise dans des rivalités stériles. Des régions entières échappent à toute autorité et dans certaines provinces, au Kasai et au Katanga, les populations se soulèvent contre un pouvoir inexistant. Le Congo est aujourd’hui l’homme malade de l’Afrique. Beaucoup de médecins intéressés se sont précipités à son chevet. Ils viennent de l’Ouest, de l’Est et aussi d’Afrique. L’arrivée des casques bleus a également favorisé les intrigues de certaines puissances. Là non plus rien n’est réglé. Ni l’Ouest ni l’Est n’ont renoncé. Ils attendent. Ils se disputent dans les coulisses par personnes interposées. Les épisodes ubuesques de la lutte pour le pouvoir nous déconcertent. Mais les clés de ce drame sont simples. Comme à Berlin, à Cuba, à Suez ou à Formose, il s’agit de savoir qui l’emportera dans ce secteur nouveau et brûlant de la guerre froide.