Partis à la recherche du père et de l’époux réclamant leur présence, la mère, le fils et le chat prennent la route vers le Nord. Louis raconte les rencontres, la dégradation de la situation, le meurtre de sa mère. Seul, fugitif, il n’aura bientôt plus affaire qu’à lui-même, face à un paysage unique : un désert de mots.
C’est ainsi, aujourd’hui et pour toujours, me dis-je à voix haute au saut du lit. Il y avait des pères et des mères, il n’y en a plus, c’est fini.
J’ouvris la porte-fenêtre ; il était tôt, le jour se levait à peine, rosissait les montagnes basses au loin, quand, devant, proches à les toucher, les cyprès s’érigeaient contre un ciel idéalement plat, sombres volutes jaunies de pollen semblant autant s’y sertir que s’y découper, ornements tarabiscotés, baroques, et dont la gratuité faisait ressortir l’illusoire profondeur de celui-ci. D’ailleurs, me disais-je, qu’est donc le ciel, sinon cette toile immuable à la surface de laquelle s’inscrit un instant la vanité des événements ?
L’image, plaisante, dotait d’un vernis de classicisme une aporie des plus banales et me faisait valoir plus que je ne valais, ce que j’avais très souvent tenté de faire sans jamais y parvenir, avant de parvenir à cette conclusion que la solitude était mon lot et mourir seul mon destin. Le mien parmi tous ceux de tous les autres... C’est amusant : on veut même posséder cela qui vous possède.
L’air embaumait ; cet air vif d’un début de saison, porteur de toutes les promesses, rougeoyant déjà d’un embrasement contigu où tout serait calciné, sacrifié en deux semaines au plus à cet instant perdu aussitôt qu’atteint, à ce modèle inaccessible d’un renouveau à peine ébauché qu’abattu.
Mais qu’est-ce que tu te racontes, me dis-je, dégrisé soudain. Reprends tes esprits et ne te laisse pas aller à la "beauté du monde", tu sais trop ce qu’elle cache : épines et poison ; tu n’es pas venu admirer ce paysage que tu connais de toujours et sur le bout des doigts, ni te reposer de tes fatigues de citadin tertiaire mais rendre un service à ta mère et par-là même, à toi. Donc, fais-moi le plaisir de laisser tomber ces fadaises. Échanger une vieille douleur sûre contre un ravissement fugitif, perdrais-tu la tête ?
Du même auteur en ebook : "Couleur locale", "Cantine".
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Editeur : Libres d'écrire
Publication : 8 mai 2015
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [Mobi/Kindle + ePub + PDF + WEB]
Contenu(s) : Mobi/Kindle, ePub, PDF, WEB
Protection(s) : Marquage social (Mobi/Kindle), Marquage social (ePub), Marquage social (PDF), DRM (WEB)
Taille(s) : 1,19 Mo (Mobi/Kindle), 335 ko (ePub), 1,16 Mo (PDF), 1 octet (WEB)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3435
EAN13 Livre numérique eBook [Mobi/Kindle + ePub + PDF + WEB] : 9782368451793
Nicolas Kluger, Alexandra RAILLAN
14,99 € 7,99 €