Celui qui raconte ici vingt-cinq années de sa vie, présente, nous le découvrons en le lisant, un cas extraordinaire. D’une part il possède la Foi avec une certitude qu’il tient pour l’essentiel : « C’est, dit-il de son récit, l’Histoire du Christ à travers les événements singuliers de mon existence : je n’en ai pas d’autres à raconter », d’autre part cet homme a un besoin vital de tendresse. De cinq ans en cinq ans, chacune des étapes de sa route est marquée par la présence centrale d’un « ami ». Ces amis successifs sont très divers par la condition, l’âge, la culture. Tous ont le même don funeste : le faire souffrir. Les Cicatrices, confession totale, montre que pour certaines âmes ardentes les liens humains ne s’opposent pas à l’amour sacré : « Je n’ai jamais douté de Dieu, ma croix était ailleurs. L’absence d’affection me condamnait à mort. » Une certaine solitude, l’insuffisance de l’amour, donnent au récit l’accent d’une plainte déchirante qui devient, au fil des années, une résignation mais, pas encore complètement sereine. Aimer quelqu’un est la meilleure façon de le comprendre. Les portraits d’amis sont d’une vérité intense. Ils sont, par suite, pleins de couleur, de pittoresque et d’humour. Une curiosité amusée est partout sous-jacente. Peu à peu, l’intérêt, l’amour, s’étendent à l’humanité entière, lorsque, prêcheur et missionnaire, le religieux doit parcourir le monde. En Afrique, au Mexique, au Pérou, en Inde, Jean Lorbais rencontre les hommes dans quelques-uns des lieux de leur plus grande misère. Peu de témoignages ont cette puissance des simples « choses vues », éclairées par la compassion chrétienne. Ainsi, la confession d’un seul, à partir d’un cas extrême, peut, dans des domaines différents, éclairer des problèmes très généraux et très actuels.