Un ancien déporté se décide, quinze ans après son retour d’un camp, à accomplir la promesse faite à un de ses compagnons de captivité, le commandant Ferdinand Roc, qu’il a vu mourir. Celui-ci lui avait demandé d’aller voir son neveu pour lui transmettre ses dernières volontés. Il avait spontanément accepté de le faire, mais, repris par la routine de la vie quotidienne, il se demande si l’oubli et le silence ne seraient pas préférables aux démarches et aux recherches qui lui permettraient de retrouver le destinataire de ce message, mais qui l’obligeraient à évoquer le passé, à en parler, à le revivre. Et voici venu l’âge de la retraite et des loisirs forcés : il part. A chaque étape de l’enquête l’attendent des surprises : les morts demandent justice, mais les vivants savent recomposer les faits et gestes disparus dans le temps et l’oubli. J’avais eu l’intention, en commençant la rédaction de ce roman, de composer un chant funèbre pour quelques morts qui n’ont jamais cessé de venir hanter mes heures vides. Et je m’aperçois que j’ai seulement raconté une histoire. Le lecteur en tirera peut-être une morale. Laquelle ? Je l’ignore. Tout écrivain n’est probablement, en fin de compte, qu’un arracheur d’illusions. L. A.