Une jeune femme, qui est l’innocence même, se plaint de l’ascendant tyrannique qu’exerce sur elle sa mère. Nous sympathisons avec cet être franc qui force la confiance. Bientôt toutefois son besoin de liberté devient plus suspect, car elle trouve la fuite à la fois dans la drogue et dans une amitié trouble avec une doctoresse. Que faut-il réellement penser d’elle ? C’est ce que nous nous demandons, lorsque nous apprenons qu’elle va essayer de se débarrasser de sa mère, dans la simulation d’un accident. Le crime a lieu, en effet, mais il n’est pas tout à fait conforme aux desseins de la narratrice : la mère, avant de mourir, se venge de sa fille en l’accusant de démence et de recours aux stupéfiants. Elle meurt contente ; nous sommes définitivement fixés sur le caractère de la jeune femme qui nous a, nous aussi, constamment trompés. Le livre de G. Giovanni Sciuto est d’une habileté perverse, on ne peut plus alléchante ; il vaut par les surprises qu’il nous réserve et les très curieuses gaietés qui d’un bout à l’autre rendent son style séduisant et lumineux. Ce sont là des débuts d’une qualité certaine, et d’un effet très soigneusement étudié.