Le Moi des demoiselles est le récit d'un voyage original, une exploration au pays des journaux de jeunes filles. Nous sommes conviés à la lecture de ces textes du XIXe siècle - souvent inédits - par le journal d'enquête de Philippe Lejeune. Ce journal s'enrichit de croquis, d'extraits d'autoportraits et d'analyses des dispositifs d'écriture autobiographique. La recherche des manuscrits fut en elle-même une aventure qui nous est narrée. Plus d'une centaine de journaux intimes donnent ainsi une représentation assez précise de l'écriture ordinaire. Si la littérature ne vient pas au premier plan, il se passe quelque chose qui, tout de même, est de la littérature. On retrouve dans ces textes cet infra-ordinaire, ces litanies, ces ellipses de l'essentiel chers à Georges Perec. Comment cet usage s'établit-il en France ? Quelles sont les particularités de cette pratique culturelle ? Journal spirituel ou journal chronique, cet exercice devient courant à partir de 1830. Le journal a été initialement une technique éducative et nous sommes encore loin de l'activité spontanée et secrète qui le caractérise de nos jours. Philippe Lejeune construit ainsi, par petites touches, une histoire de l'éducation et de l'évolution des mentalités. Un autre chapitre de l'histoire des femmes.