Quatre jeunes gens deviennent amis durant l’année 1950, année-tournant pour l’Europe : celle de l’intervention américaine en Corée. Ces nouveaux amis — trois ont vingt ans, l’un en a trente — déracinés comme toute leur génération, édifient leur communauté, un havre au milieu du monde dur de l’après-guerre. Il y a les autres et il y a eux. Mais ils ne vivent pas égoïstement repliés sur eux-mêmes : leur curiosité est grande, leur générosité n’a pas encore été émoussée par les désillusions de l’âge mûr. Ils ressentent les événements, commencent d’y participer et, à la différence de leurs contemporains, sont sensibilisés à la politique. Le progressisme chrétien, le communisme, la question sociale s’imposent peu à peu à leur vie de privilégiés. L’aîné de la cohorte, François Sénéchal, tente même l’expérience d’une carrière politique. Mais son goût de l’absolu ne peut être satisfait par l’époque. Et, quand les humains se lancent dans ce qu’il tient pour une démence : la conquête des planètes, Sénéchal se retire brutalement de la compétition par un suicide de stoïcien. Ses trois amis sont parvenus à la trentaine, l’un est à la Recherche scientifique, l’autre est journaliste, le troisième est professeur. La mort de leur ami risque de les séparer définitivement ; une portion de leur vie est achevée au moment où commence une nouvelle époque. La Cohorte est un roman politique. L’histoire au jour le jour s’imbrique dans les destins individuels, les détermine, car les personnages du livre savent qu’ils ne peuvent pas vivre en marge de leur temps. La Cohorte veut être aussi le roman d’une génération, celle des hommes qui vont, quelques années plus tard, se déchirer dans le conflit algérien.