On remarquera ce roman étrange et puissant, au confluent du "policier" et du roman des magies provinciales. La personnalité même de l’auteur, Paul Chavalor, qui connaît de très près — et pour cause — les drames qui relèvent de la Police Judiciaire, est pour beaucoup dans la réussite particulière de ce livre. A chat perché entre le réel et le monde occulte de la province, le commissaire Eugène Fragnaud, de la Police Judiciaire, dit le "Mal Sentant" a commencé une difficile enquête dans une campagne angevine dont la douceur tant vantée n’est plus ici qu’un mot. Le jeune vacher Gratien Maresque, pupille de l’Assistance Publique, a tué sans raison les Renaudot, ses patrons, et leur fille, "la Cienne" qu’il aimait. Le meurtrier rejette le faix de la responsabilité. "C’est l’autre !". Mais quel autre ? Fragnaud le cherche. C’est son métier. Ici, nous sommes aussi près de Balzac que de Simenon. Mais — haut fonctionnaire de la police — Paul Chavalor conclut d’une manière tout à fait imprévue. Son héros, le "Mal Sentant", policier professionnel et de grande qualité, perd pied. "Oui, dans certains domaines, la P.J. n’a plus rien à voir !". Même pour la police, il est des mondes "hors d’atteinte". C’est le ressort de ce roman extraordinaire.