« Le voleur d’âme » est la réponse à un ouvrage consacré à une drame familial, qui a défrayé la chronique en 1971 : l’affaire Béatrice Le Mire. Cet ouvrage — « Sauvez-moi, sauvez-moi ! » — que la malheureuse héroïne de ce qui aurait dû s’appeler « L’affaire Séligny » vient de signer, est à la fois diabolique et révoltant ! Il aurait pu sortir tout de suite après les événements mais, à cette époque, la signataire conservait encore un certain sens des réalités. Il a fallu six ans à ses maîtres à penser, à ses inspirateurs, pour gommer dans son esprit la vérité du drame et lui substituer l’histoire qu’elle raconte. Six ans de mensonges, d’insinuations, de suggestions — y compris suggestions durant le sommeil et probablement sous hypnose — pour la persuader que les faits se sont déroulés comme elle les rapporte aujourd’hui. En 1971, Séligny avait proclamé, ivre d’orgueil : « Elle est à moi ! » Maintenant elle est à lui, entièrement, totalement. Jusques à quand ? Séligny et les adeptes de sa secte — héros d’un roman : « Les gens du blâme » et d’un film « La chute d’un corps » — peuvent parler par la bouche de Béatrice, écrire sous sa signature, livrer - dans sa mise en scène définitive - leur version d’une histoire, dont se délecteront ceux qui se nourrissent de mensonges et préfèrent les calomnies à la pudeur, le ricanement aux larmes. Mais on commence à connaître la véritable nature des sectes. Et nous crions notre immense dégoût, nous hurlons notre révolte. Nous dénonçons les procédés et l’ignominie du corrupteur, vieillard douteux, philosophe sans sagesse, guérisseur sans pouvoir, écrivain sans ouvrage, habile seulement dans l’imposture. Nous ne rendrons pas aux parents de Béatrice le bonheur d’autrefois. Ils avaient sauvé leur enfant du suicide et l’avaient soustraite à l’influence du malin, on l’a enlevée sous leurs yeux, et c’est eux qu’on a accusés d’ignominie. L’intelligentsia, la presse et le Pouvoir les ont condamnés, sans les entendre. Ce livre est leur réhabilitation et la condamnation des charognards qui leur ont dévoré le cœur. Henri Le Mire