Dans la cour tout transpire, les poubelles, les bruits de l'été et le mal de vivre d'un petit monde de déracinés. Il y a les fenêtres humbles, les fenêtres méprisantes et les injurieuses. Celle du quatrième, c'est celle de Vijlenko. Il est chauffeur de taxi, et chauffard à ses heures creuses. Son seul but c'est Orly ou Roissy, pour renvoyer à la casba-départ bougnoules, bamboulas et xylophéra... C'est Simone, son épouse, qui tient les comptes des beiges qu'il a déjà renvoyés au pays. Farid, le fils aîné de la fenêtre à la voix rauque, ne s'habitue pas à la France, et ne rêve que d'une chose : retourner en Algérie. Il faudrait qu'il trouve une idée super pour acheter un tickson de boeing. Et alors là... Tchao les Gaulois ! Rita, c'est la plus belle des fenêtres. Elle, ça ne la dérange pas, ces voix trop pleines de sons qui sortent de chez les voisins. Elle est italienne. En attendant l'amour, le vrai, Rita égare un peu ses mains sur son corps. Juste pour le faire ronronner. Elle ne sait pas que Vijlenko la mate dans l'obscurité... Le baron Nono, un jeune hérisson urbain et papyrophage, lui, squatte la cour. Suivant les journaux qu'il a ingurgités, il rumine des pensées contradictoires, avec une conviction sincère à chaque fois. Et puis il y a le fameux taxi. Une ture-voi belle comme la nuit, chaude comme une meuf, habillée gris-métal-classe, des rétromiroirs partout, un cendrier à Marlboro et, surtout, un compteur énorme comme un casino ! C'est de là que va germer l'idée de Farid...