Tour à tour adorés ou maudits, le soleil et le vent règnent en maîtres sur la Provence, qui offre donc très rapidement au moulin à vent venu d'Orient au temps des Croisades une terre d'élection privilégiée. Les artisans fustiers perfectionnent ses mécanismes délicats, le blé abonde, le mistral, la tramontane et le marin sont les garants d'un travail quotidien. Au XVIIIe siècle, les grandes tours ailées se comptent par centaines et sont l'objet de soins attentifs, de recherches techniques et d'investissements incessants. A la ville comme à la campagne, du Rhône au Var et de la mer à la montagne, elles balisent le paysage provençal et signalent, au milieu des terres qu'elles dominent, les pôles de l'activité économique, de la vie rurale, mais aussi des rencontres et des fêtes.Seigneur des vents et maître des farines dont on fait le pain des hommes, le meunier est un personnage clé de la mythologie villageoise. Tout comme le berger, il est un peu à l'écart des hommes, mais il est au cœur de leurs préoccupations : il guérit, guide et conseille autant qu'il nourrit.La disparition du moulin brisera donc l'équilibre écologique, mais aussi humain, des communautés rurales.Aujourd'hui, restauré ou ruiné, transformé en musée ou en résidence secondaire, le moulin demeure un lieu merveilleux pour les panoramas qu'il offre sur la campagne provençale. Témoignage émouvant des premiers temps de l'industrialisation, conservatoire vivant des arts et traditions populaires, le moulin à vent est un remarquable observatoire pour l'historien et l'ethnologue. Pour tous, il est une porte ouverte sur le grand rêve des machines, des sciences et des techniques.