Sous un titre un peu énigmatique, Lilian Patry place l’acte d’écrire dans sa fonction essentielle de révélateur (« Écoute lecteur/Je me récite »). Mais c’est un acte inachevable et à reprendre toujours à son point de départ, un acte existentiellement poétique. Dans ces partances de chaque poème, presque de chaque vers, se manifeste une singulière constante, angoisse et désir de savoir « qui » parle, et « d’où » il parle. Qui est vu, avec et par rapport à qui, comme au jeu des miroirs en abîme où l’identité se multiplie, se mêle à d’autres, se retrouve au point de départ et se réengage. Je est Moi et un autre... « Lui devenu moi/Moi devenu lui »... Combat avec les distances, brouillant l’appel de l’amour qui est unité. Avec des mots de tous les jours, sans jamais se permettre un recours facile au lyrisme, Lilian Patry tente de se définir dans l’indicernable réalité, cette sorte de « boîte qui ne contient RIEN » ; c’est sa nuit obscure. De là, naît une poésie originale, de réalisme mystique.